Νιώθω

I Feel – Je Sens – Je Ressens

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La Fille aux Notes Ailées

Esseulé dans un isolement forcé, confiné sans avoir le choix et quand la chance apparaissait, un aperçu d’une réalité biaisée s’ouvrait à moi en connexion EDGE. Un souffle dans mon désarroi d’une dépression contre laquelle je luttais même si l’envie de m’achever m’est passée par la tête telle une balle filante. L’impression d’être enterré vivant à cause d’un rêve d’enfance devenu très vite un cauchemar. Une tombe putride en guise de foyer me procurant un avant-goût d’une fin qui débuta plus de dix ans plus tôt.
Dès que les ondes d’une antenne relais transcendait dans mon pitoyable téléphone, j’avais la sensation d’être un junkie s’injectant une dose après une semaine de manque. Vite, il faut que je scrolle ! Dans ces conditions, ma fenêtre était étroite mais l’air y était respirable, je m’en contentais et cela m’apaisait.

Tumblr était l’une de mes échappatoires favorites, outre sur un plan technique, j’avais la possibilité de télécharger des images et surtout garder un rythme s’alliant avec la lobotomie ambiante. Scroll, scroll, petite merde, tu deviendras grande ! Je scrollais passant de thème en thème en une fraction de seconde : mode, vaporwave, nudité, citation, manga, gif animé, cyberpunk… Mon imaginaire s’alimentait sans pouvoir l’extérioriser ; une frustration à rajouter. Puis, tu « reblogue » encore et encore pour te rendre intéressant grâce à ton propre Tumblr que d’autres suivent et comme eux, tu en suis d’autres après avoir consulter leur contenu volé par-ci par-là et éternellement republié sur la même plateforme. Une manière comme une autre de se rendre intéressant voire d’avoir un semblant d’existence dans une mort certaine qui est loin d’être virtuelle. Qui s’en souciera ?
Une note puis une deuxième. Deux croches en parallèle à l’unique différence qu’une était dotée d’une aile d’ange et l’autre, une aile de démon. Un choc. Un électrochoc ! Ce dessin me procurait d’intenses vibrations, quelque chose de viscérale tant que c’est à se demander si cela ne tournait pas à l’obsession. Je pouvais les contempler pendant des heures et des heures à travers ma fenêtre. Si j’aurais su dessiner, j’aurais pu les reproduire au point près mais jamais sur la peau de quelqu’un d’autre car c’était un tatouage qu’une femme s’était encrée dans sa peau à jamais. Elle ? Qu’importe, l’essentiel reposait sur la symbolique que m’évoquait ces notes : La musique (ma vie), Baphomet, le Tao, la dualité, le doute, l’équilibre, le noir, l’imperfection… Une partition d’une mélodie imperceptible, ça devait être ça.
Avant d’arriver dans ce cimetière, j’avais acheté une guitare classique pour quelques euros pensant m’y remettre et la décadence à suivi. Sauf que cette partition m’obsédait, ces notes ne cessaient de voler dans ma tête en me disant : « Bouge-toi, connard ! », « Prend la est joue », « Tu es déjà en Enfer, fais le parler », « La force, tu l’as sinon tu ne serais plus là »… Une voix boderline pour un gars qui s’était persuadé de l’être car pris sous l’emprise d’un « charmant gourou » que l’on appelle « médecin » soit les petites mains de l’industrie pharmaceutique pour vous faire croire qu’un produit chimique va vous rendre votre vraie nature en vous bridant votre cerveau et détruisant votre corps :« Tu vas toujours mal ? J’ai un autre bonbon plus adapté pour toi ! ». « La dose est plus forte, j’en suis accro. ». Lorsque l’on vit dans le doute permanent, la dualité est de rigueur et l’objectif est suivre sa ligne soit SON équilibre sur une cadence chaotique sans avoir besoin de théorie. Les cordes changées, elles ont vibré et mes émotions ont résonné sans quitter « mes » notes ailées inscrivant cette partition.

Dans un sens, la symbolique de ce tatouage m’a sauvé et pas seulement, il s’y dégageait une énergie forte et intense au point que j’avais l’impression de revivre grâce à deux tatouages symétriquement opposés. Je me remettais à la guitare comme cela m’est arrivé à plusieurs reprises mais avec une autre façon de ressentir mon instrument vital. Il était certain que mon niveau avait baissé mais le fait de nier la technique m’a permis de poser des bases de mon projet de groupe, de me foutre complètement de savoir quel genre musical tel ou tel riff s’alliait, de mélanger des sonorités atypiques avec un côté plus organique… Pour résumer, je ne voyais plus ma musique comme je la percevais auparavant. Ces ailes m’ont offert mes propres ailes et telle une maman oiseau, elles m’ont appris à voler dans mon univers augmenté sans qu’elles me perdent du regard. Étonnement ou pas, j’ai produis beaucoup de riffs voire des chansons Black-Metal très « raw » durant cette période. D’ailleurs, j’ai récemment eu l’idée d’en faire quelque chose en collaboration avec quelqu’un qui ressent la musique plus qu’elle ne l’entend. Je n’ai pas osé lui en parler. Cela pourrait faire sens si l’on y pense. Qu’en dirait-elle ? Encore des questions…

Depuis ce temps, ces notes ne me quittent plus. Dés que mon être s’exprime, que je touche la musique, que j’analyse des chansons ou des albums, ou des vibrations sonores sont dans l’air, elles sont là avec moi. Cette énergie, je l’ai déplacé dans d’autres domaines car même si ma pensée est visuelle, la musique s’y joint rapidement donc ces notes voltigent toujours autour de moi.
Le comble est que je sais que sur cette planète, une personne porte ces tatouages indélébiles sur la peau et je serais dans l’incapacité de la reconnaître si je la croisait par hasard dans la rue ou ailleurs. Son visage, son corps, sa façon de s’habiller ou tout ce qui se lie à son apparence s’est évaporé de ma mémoire ou je n’ai jamais dû prendre en considération ces aspects fondamentaux de ce monde où les apparences sont de rigueur. C’est avec ces notions primordiales que je sais que je ne fais pas parti de ce système dénaturé donc déshumanisé car l’espèce humaine appartient à un ensemble que l’homme a préféré assassiner pour mieux se suicider et détruire le vivant par son ignorance et son égoïsme du « Je sais tout ».
Cette fille vit quelque part sans savoir qu’ailleurs, elle a sauvé la vie d’une personne qui ne sait ni quoi ni comment faire pour lui prouvé sa gratitude et lui dire tout ce qu’elle a fait pour lui juste parce qu’elle a su exprimer une part d’elle très profonde en l’encrant dans sa peau. Elle n’a pas pu faire ça par hasard car même si ses notes ailées peuvent paraître pour certains comme un détail, il en est loin.

J’aimerais lui dire tout cela un jour en la regardant dans les yeux où je m’y perdrais peut-être mais en elle, je ne pourrais que me sentir vivant car l’énergie qu’émettent ses symboles vient sûrement de la profondeur de son être, d’elle-même, tout simplement ELLE.

Où est-elle ?

La Fille aux Notes Ailées via @dreamsidexiii

Écrits par Dreamside & Archives par « My Lucifer« 

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